Recherches ultramarines

Un « hobby » m’a entraîné à déployer des investissements en histoire économique des outre-mers, notamment bancaire, mais aussi commerciale et, plus globalement, tertiaire. Le hasard de la vie académique et relationnelle m’a conduit vers un « hobby », l’histoire ultramarine, celle du déploiement des entreprises dans les empires coloniaux à l’époque contemporaine.

Le premier hasard a été constitué par un contact avec les dirigeants de la CFAO qui m’ont demandé de reconstituer leur histoire en 1986-1987 (voir l’entrée Histoire de CFAO). J’ai rédigé un gros « pavé » sur l’histoire de cette Compagnie française de l’Afrique occidentale (voir la bibliographie). Et j’ai continué à « suivre » l’histoire de cette maison, en actualisant au fil des années l’analyse de son évolution (voir le livre Négoce blanc en Afrique noire), jusqu’au programme actuel de réédition du livre, dans le courant de 2007.

Le deuxième hasard a été procuré par certaines archives bancaires. En effet, en parcourant les dossiers de l’histoire de la Société générale, du Crédit lyonnais, de la Banque de l’union parisienne, du Comptoir national d’escompte de Paris, j’ai découvert un matériau jusqu’ici peu utilisé, qui m’a permis de reconstituer plusieurs « parcours » bancaires ultramarins, d’où une communication au colloque La France et son outre-mer économique, divers textes sur la Compagnie algérienne ou le CNEP (voir la bibliographie thématique : Histoires des outre-mers économiques).

Un troisième hasard a été apporté par le désir des responsables de la communication de la Société générale, qui ont jugé bon de me confier la reconstitution de l’histoire du Crédit foncier d’Algérie et de Tunisie alors que la banque était en train d’absorber le successeur du CFAT, la Société centrale de banque. Au début, il s’agissait de remettre un « livre-souvenir » aux anciens salariés du CFAT et de la Centrale de Banque (dans le genre de l’histoire du Crédit du Nord) ; puis l’inflexion de la politique de communication historique de la Société générale m’ont conduit à publier de façon indépendante un livre de nature académique sur l’histoire du CFAT (voir la bibligraphie).

Un quatrième hasard est venu de mon collègue Daniel Lefeuvre, alors secrétaire générale de la Société française d’histoire d’outre-mer ou SFHOM. Celle-ci connaissait alors quelque incertitude financière et il m’a confié la fonction de trésorier pour « border les comptes » parce qu’on supposait qu’un historien de la banque savait tenir des comptes (ce que ne font pas toujours les banquiers !)… Je me suis dorénavant engagé dans la vie de cette association, en « compagnon de route » des réels spécialistes d’histoire ultramarine et en spectateur de leurs débats idéologiques, scientifiques, générationnels et méthodologiques. Du coup, j’ai publié et fait publier des articles dans Outre-Mers. Revue d’histoire et je participe à la vie de la collection « Les Publications de la SFHOM ». Je suis également « maître de site » du site [www.sfhom.com] (voir les Liens).

Tout cela m’a conduit à consacrer une partie de mon temps de recherche à l’histoire ultramarine, en « hobby ». Plusieurs livres d’histoire bancaire contiennent ou contiendront (pour la Société générale) des sections consacrées à cette histoire du déploiement des banques outre-mer. J’avais lancé, avec Jean-François Klein et Catherine Hodeir, le programme L’esprit économique impérial (1830-1970), avec deux colloques en 2006, puis un ouvrage collectif (Publications de la SFHOM, 2008). J’ai cor-organisé (avec Hervé Joly) à un colloque bordelais sur Les entreprises et l’outre-mer en 1940-1945, dans le cadre d’un programme sur Les entreprises en 1940-1945 (Publications de la SFHOM). J’ai travaillé, à la demande, sur divers thèmes concernant l’histoire du patronat (participant à la France libre) et des entreprises (durant la Première Guerre mondiale et dans l’après-guerre) (dans le cadre de la SFHOM).

Je me suis efforcé aussi sur Bordeaux d’animer quelques recherches sur l’histoire économique ultramarine, par le biais de mes étudiants en doctorat ou, pour l’un d’eux, en HDR, dont certains ont reconstitué l’histoire des marchés et des institutions financières et bancaires en Afrique noire francophone, tandis que deux autres se sont occupés de l’histoire du commerce extérieur du Cameroun et de la Tunisie et un autre de l’évolution du canal de Suez après sa nationalisation. Plusieurs de ces docteurs occupent maintenant des postes dans des universités africaines (Ndiaye, Tandjigora, Ouazzani, etc.), tandis qu’Emmanuel Tchumchua est professeur à Douala. Des ouvrages sont parus, comme l’histoire de la Banque africaine de développement.

Le sentiment d’avoir conduit à son terme ce vaste programme spécialisé m’a conduit à prendre ma retraite de mes activités de gestion de la Société française d’histoire des outre-mers (trésorier depuis 2000, et en sus secrétaire général depuis 2015), et ce, en décembre 2017 – la professeure Julie d’Andurain assurant la succession et donc assurant la relève. J’ai aussi grosso modo arrêté mes investigations en histoire ultramarine, sauf quelques écrits « de commande » à propos de Bordeaux. Un ultime ouvrage constituera une sorte de point d’orgue: L’empire colonial français. De l’Histoire aux héritages, qui paraîtra dans la collection U chez Armand Colin en 2019; c’est un agrégat de chapitres mêlant histoire thématique et essais.