Alcools et vins en 1914-1918: colloque en octobre 2017

Hubert Bonin a organisé un colloque à Bordeaux, aux Archives départementales, les 2 et 3 octobre 2017, dans le cadre de son programme de recherche labellisé par le Comité du Centenaire et consacré à La Gironde économique en 1914-1919. – Les processus, modalités et habitudes de la consommation des alcools et des vins à la Belle Époque, durant la Première Guerre mondiale et dans l’entre-deux-guerres sont déjà bien connus. Mais des progrès ont été effectués grâce au dépouillement d’archives et au renouvellement des analyses. Il faut donc approfondir la connaissance de la culture sociétale des alcools, des modes de consommation, des mentalités vis-à-vis de la consommation, que ce soit au sein des institutions et communautés officielles (officiers, états-majors, ambassades, ministères) ou que ce soit à la base, parmi les masses de soldats et les cadres moyens militaires, parmi les victimes de guerre, physiques ou psychiatriques, ou que ce soit aussi dans les départements eux-mêmes, par les populations restées sur place ou lors des permissions de mobilisés. – Il faudra par ailleurs étudier des systèmes productifs locaux et des systèmes productifs par branche, les deux niveaux s’entrecroisant bien entendu. On scrutera dès lors l’évolution de la vie quotidienne des régions productives en fonction des aléas de la guerre (mobilisation de la main-d’œuvre, manque de produits de consommation intermédiaires, comme les produits phytosanitaires, lacunes des transports). On devra également déterminer l’évolution des marchés, qu’ils soient extérieurs, en fonction de la coupure avec l’Allemagne, grand débouché avant-guerre, puis aussi avec la Russie, et enfin peut-être par le biais de la consommation des troupes américaines. Il faudra soupeser le poids de la commande publique et des marchés de l’Intendance, au sein de la montée en puissance de l’économie mixte de guerre, à laquelle s’intègrent peu à peu les économies des vins, alcools et spiritueux. Le rôle des alcools industriels ne manquera pas d’être précisé, avec ses effets sur les industries chimiques, des explosifs, des lubrifiants pour le secteur mécanique. – On glissera donc de l’immatériel (perception, ment alités) au mode de vie et de consommation et au concret de la production et des échanges. On reconstituera ainsi une économie et une société des vins, spiritueux et alcools de tous types au cœur de l’effort de guerre. Devait-on aller jusqu’à prétendre qu’on aurait gagné la guerre aussi grâce aux alcools ? Auraient-ils aidé à résister à la durée du conflit ? à la crise de moral récurrente, aux angoisses ? Et comment aurait-on maintenu les bases, les cadres, les savoir-faire des économies des vins et des alcools, tant en France métropolitaine que dans l’outre-mer du rhum ?

Les actes sont en cours de préparation et seront publiés, avec le concours notamment de la maison Hennessy, aux éditions Féret, spécialisées dans l’histoire et le système productif du vin.